Monument élevé à Londres en l’honneur du prince Albert

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worldfairs
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Monument élevé à Londres en l’honneur du prince Albert

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Texte de "L'Exposition Universelle de 1867 Illustrée"

monumentprincealbert.jpg

S. M. la reine d’Angleterre, mue par un sentiment pieux, a résolu d’élever un monument à la mémoire du prince Albert son époux, enlevé si jeune encore à son affection ainsi qu’à celle de ses sujets. S. M. devait d’abord payer sur sa cassette particulière tous les frais de construction ; mais la ville de Londres a voulu contribuer dans une large mesure à l’érection du monument, témoignant ainsi sa sympathie pour la gracieuse souveraine, et se faisant l’interprète des regrets que la mort prématurée du prince a laissés dans tous les cœurs britanniques; regrets unanimes, deuil sincère, car le noble époux de S. M. avait su conquérir l’estime et l’affection de tout le peuple anglais.

Plusieurs projets ont été présentés. Celui de M. George-Gilbert Scott a été choisi. Il devait l’être, car il paraît très supérieur aux projets de ses concurrents.

C’est dans Hyde-Park, et non-loin de l’endroit qu’occupait le bâtiment de l’Exposition universelle de 1851, que l’on construit le
monument, dont les travaux sont aujourd’hui très-avancés.

Vu de loin, à travers le feuillage des arbres, il n’est pas douteux que l’édifice ne produise un grand effet. Il s’élève sur un double étage de spacieux degrés, comme un immense mausolée gothique surmonté d’une flèche svelte et délicate dont la croix d’or brille à 50 mètres au-dessus du sol?

Je ne sais si l’effet du monument vu de près satisfera les hommes de goût; l’ornementation de l’édifice me paraît exagérée, et les couleurs dont on l’a revêtu sont, je crois, beaucoup trop variées, beaucoup trop éclatantes; l’or surtout est prodigué sans mesure dans ce monument auquel la simplicité convenait si bien.

Mais l’œuvre est immense, le travail prodigieux, et les détails en sont infinis.

Le monument a quatre côtés. Il s’élève, comme je l’ai dit, sur une plate-forme à laquelle on monte par un double étage de larges degrés. Ces degrés forment un quadrilatère qui n’a pas moins de 1600 mètres de superficie. Aux angles de ce quadrilatère sont placés, en saillie sur des piédestaux, des groupes représentant les quatre principaux continents. Cette vaste plate-forme est en granit d'Irlande. Le soubassement de l’édifice, dont les angles portés en avant servent de base à des groupes de marbre représentant les arts de la paix, est décoré de bas-reliefs en marbre de Carrare, où sont figurés la Peinture* la Musique, la Sculpture et le Dessin.

Quatre piliers, formés chacun par un groupe de douze colonnes gothiques, soutiennent la voûte de l’édifice; ces colonnes, revêtues d’ornements polychromes et surmontées de chapiteaux d’un riche travail, sont en granit d'Écosse provenant des domaines du duc d’Argyll. La voûte qui supportent ces piliers est couverte de peintures, les ornements y sont prodigués avec une abondance, une profusion incroyables. Sous cette voûte est placée la statue du royal époux; le prince est représenté assis portant la robe et les insignes de chevalier de la Jarretière. Cette statue est l’œuvre du baron Marochetti.

Chaque face du monument forme une arcade gothique, surmontée d’un fronton triangulaire festonné. Dans l’intérieur de chaque fronton on a peint une muse. On peut voir à 1 Exposition le modèle de l’un des trois cadres de ces frontons; il est en bronze rehaussé d’ornements dorés, dans lesquels sont incrustés des marbres précieux. Cette pièce, d’un poids énorme, a dix mètres au moins de hauteur.

Au-dessus de chaque pilier s’élève un pyramidion gothique, au-dessus de la voûte se dresse la flèche en bronze doré toute découpée à jour.

Au premier étage de cette flèche on voit quatre griffons, aux dimensions énormes. Au deuxième étage, quatre statues très-grandes occupent les angles, et quatre statues colossales sont placées sous les arcades de cette partie de la flèche.

Des griffons occupent les coins de l’étage au-dessus. Enfin, quatre anges aux ailes déployées sont placés au sommet de l’édifice, que surmonte une croix dorée incrustée de pierres.

Tel est ce monument, dont nous n’avons pu que décrire les parties principales. Il faudrait un volume pour le faire connaître dans tous ses détails, tant l’ornementation en est compliquée! On a cru devoir réunir dans cet édifice national tous les éléments de l’art anglais, de cet art auprès duquel le gothique français du quatorzième siècle, le gothique flamboyant, paraîtrait encore de la simplicité.



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