Dans le palais rectangulaire qui, au Champ-de-Mars longe l’avenue de Suffren, se trouve, du côté du jardin central et au rez-de-chaussée, l’exposition de l’Art Théâtrale (groupe 111, classe 18).
En dehors des choses purement artistiques, nous signalerons quelques détails d’organisation et d’installation pouvant intéresser les architectes qui se préoccupent de la sécurité dans les théâtres ou autres lieux publics.
Un industriel de Saint-Leu Taverny (Seine-et-Oise) expose une maquette en bois, à l’échelle de 0m,03 par mètre, représentant un théâtre où est appliqué le système d’aménagement et de dégagement qu’il préconise pour assurer l’évacuation rapide d’une salle do spectacle en cas d’alerte ou d’incendie.
Ce système, qui a reçu, du reste, quelques applications, paraît en théorie juste et raisonnable : Toutes les places sont réunies par groupe de 18 à 24 au maximum ; à chaque groupe est affecté spécialement une porte de sortie, qui n’est pas distante de plus de 10m00 de la place la plus éloignée. Une fois dehors, sur les galeries-terrasses, qui se trouvent et tous les étages, les spectateurs descendent par huit grands escaliers, construits entre gros murs et n’ayant aucune communication avec l’intérieur.
Non loin de cette maquette, se trouve exposé un fauteuil automatique se relevant, non sur le fond comme à l’ordinaire, mais sur le côté comme un strapontin, tout en ayant un dossier solide (fig. 1). Le siège et le dossier se replient automatiquement l’un sur l’autre quand le spectateur se lève, et se placent dans un plan vertical perpendiculaire à la scène, contrairement à l’usage courant : chaque fauteuil se trouve isolé et chaque rangée de sièges forme autant de passages ouverts à la circulation du public.
Pour s’asseoir on abaisse le siège et le dossier reprend automatiquement sa place.
L’adoption de ce genre de fauteuils permettrait la suppression du passage du milieu et, chose très appréciable au point de vue hygiénique, faciliterait le nettoyage complet de la salle.
Dans celle partie de l’Exposition se trouve un exemple de transformation du courant électrique fourni par les Compagnies d’Éclairage qui est à 110 volts environ, en un courant à S volts. A ce dernier voltage le courant est inoffensif et les étincelles de rupture sont sans danger. A un autre point de vue, il faut noter que trente petites lampes à voltage ainsi réduit ne dépensent pas plus que deux lampes ordinaires à incandescence.
Tous les systèmes connus assurant plus ou moins complètement l’incombustibilité du bois, des étoffes, de tous objets, sont représentés ainsi que les engins, nécessaires pour la canalisation et l’emploi de l’eau en cas d’incendie. Parmi ces engins, il faut signaler des tuyaux métalliques flexibles et des postes d’incendie perfectionnés.
Les tuyaux métalliques flexibles sont à fil de caoutchouc ou à fil d’amiante. Ces derniers peuvent résister aux plus hautes températures. Quant aux premiers, ils ont divers avantages sur les tuyaux de toile ou de caoutchouc habituellement en usage : ils sont relativement incombustibles puisqu’ils résistent jusqu’à une température de 70 degrés centigrades; ils ne se coupent pas et conservent toujours le même passage à l’eau dans n’importe quelle courbe. Ils résistent parfaitement aux coups de bélier qui sont si funestes aux tuyaux ordinaires.
Les postes d'incendie perfectionnés (fig. 2) qui peuvent recevoir jusqu’à 25m,00 de tuyaux métalliques flexibles de 30 de diamètre intérieur, paraissent présenter divers avantages appréciables. Ils n'ont pas besoin d’être enfermés dans une armoire et peuvent être manœuvrés facilement et avec rapidité par une personne inexpérimentée. Il n’y a qu’à faire tourner un volant et à saisir la lance, le tuyau se déroulant de lui-même de la longueur voulue.
D’autres inconvénients inhérents à d’anciens systèmes sont évités. Parmi ces inconvénients, ceux qui arrivent le plus fréquemment, sont les suivants: la clef du robinet manque, fonctionne mal ou peut être manœuvrée maladroitement ; les tuyaux ordinairement roulés à plat se coupent au moment où l’on veut s’en servir ; s’ils sont mal étalés, avec des coudes trop courts, ou avec des torsades nombreuses ou de rayon trop faible, ils peuvent facilement crever sous l’effort de la pression de l’eau.
L’architecte qui s’égarera dans celte partie de l’Exposition pour étudier ces choses techniques et spéciales, pourra terminer sa visite par l’examen des objets plus artistiques. 11 trouvera, en effet, dans les mômes galeries de nombreuses reproductions de scènes anciennes et modernes, des photographies d’art, des tableaux de tous genres etc. ainsi qu’un très original panneau décoratif de A. Choubras, moderne style, peint à l’huile avec applications partielles de poussières brillantes et de pierreries de couleur.
