Distillerie Savalle

Paris 1867 - Innovations (techniques, transport ...)
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worldfairs
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Distillerie Savalle

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Texte et illustrations de "Les merveilles de l'Exposition de Universelle de 1867"

Sortant aujourd’hui du domaine de l’art et de l’art appliqué, nous donnons deux dessins peu agréables à l’œil au premier abord, si l'on ne considère que le côté plastique, mais qui feront comprendre l’immense importance d’une industrie connue seulement des gens spéciaux et qui rend à l’alimentation et au commerce d’incalculables services. Laissons parler M. Pezeyre, secrétaire de la chambre syndicale des distillateurs de Paris, et après l’exposé rapide et clair de cette industrie et de ses appareils, nous comprendrons facilement que les appareils Savalle aient obtenu une médaille d’or unique au grand concours de 1867.

La distillerie constitue aujourd’hui une industrie considérable, forte et vivace par son heureuse alliance avec l’agriculture, dont elle favorise la prospérité.

En 1866, la France a produit « deux millions d’hectolitres d’alcool » de toutes sortes, d’une valeur de «deux cents millions de francs.

Le mouvement qui a donné naissance à la distillerie industrielle en France a provoqué chez les peuples voisins une activité extraordinaire, qui a poussé la distillation des racines et des grains à un grand développement et à un degré de perfection remarquable. Les alcools étrangers, inférieurs à ceux de France, il y a quelques années, rivalisent aujourd’hui de qualité et sont même quelquefois supérieurs. Cette lutte entre les alcools français et leurs concurrents étrangers deviendra la cause la plus déterminante des progrès de cette industrie.

Il n’y aura bientôt plus de place que pour la bonne fabrication; tout produit médiocre cessera d’être rémunérateur. Le progrès est la loi absolue de l’industrie des alcools.

L’appareil Savalle a été l’instrument le plus puissant des progrès récemment accomplis. C’est à son emploi que les premières distilleries d’Allemagne et les établissements les plus renommés en France doivent leur supériorité et les récompenses obtenues à l’Exposition. Honoré de la médaille d’or et placé au premier rang, l’appareil Savalle mérite cette distinction et doit être l’objet d’une étude particulière.

Le cliché ci-contre représente un ensemble des appareils Savalle.

Ensemble de colonne distillatoire et d'un rectificateur Savalle
Ensemble de colonne distillatoire et d'un rectificateur Savalle

A, B,C, D,E est l’appareil distillatoire dont A est la colonne, B le brise-mousse, C le chauffe-vin, D le réfrigérant, et E le régulateur de vapeur. Ce premier appareil s’emploie isolément pour la production des alcools de vins, pour celle des rhums, des tafias, des whisky, etc.; ou il s’emploie avec le second appareil, et sert alors à la production des flegmes de betteraves, de mélasses, de grains, de garance, etc., qui sont soumis au second appareil pour être raffinés.

Vue en plan des deux appareils ci-dessus
Vue en plan des deux appareils ci-dessus

G, H,I, J,L est l’appareil de rectification qui sert à élever le degré, et à séparer des alcools les éthers infects et les alcools amyliques qui en rendent l’emploi impossible dans la consommation. Ce second appareil opère le raffinage de l’alcool, et cela dans des conditions excellentes, tant sous le rapport de la qualité parfaite du produit obtenu que sous celui de l’économie de combustible, et de la perte d’alcool éprouvée par les autres appareils.

De toutes les opérations de la distillerie, la rectification, avec épuration et concentration des alcools, est la plus difficile. Qu’il s’agisse de distiller ou de rectifier, l’appareil Savalle repose sur le même principe; il produit toujours d’excellents résultats au point de vue de l’économie et de la perfection des produits.

Pour obtenir de bons produits, eaux-de-vie, rhum, tafia, la distillation réclame des appareils perfectionnés; mais c’est surtout pour la rectification des alcools de betteraves, de mélasses, de grains, de pommes de terre et de garance qu’il est indispensable d’opérer avec tout ce que la science et l’industrie nous révèlent de plus parfait dans le matériel des distilleries. Le sucre brut, engagé dans sa mélasse, est l’image de l’alcool emprisonné dans ses flegmes. Le sucre a besoin de raffinage pour acquérir la blancheur et la suavité de goût nécessaires. Les flegmes réclament aussi une épuration, une espèce de raffinage, connue sous le nom de rectification. Le sucre de betteraves, bien raffiné, est identique avec le sucre de canne également bien raffiné; de même, l’alcool d’industrie, bien rectifié, est identique avec l’esprit-de-vin.

Travailleur infatigable et rapide, se réglant automatiquement selon les nécessités de la distillation, le rectificateur Savalle utilise toutes les forces mises en jeu et rend proportionnellement à sa dépense l’effet utile le plus grand qu’il soit possible d’obtenir. Le volume proportionnel d’esprit extrafin s’élève à 90 pour 100 des quantités soumises à la rectification ; le titre alcoolique se maintient constamment à 96 degrés centésimaux ; quelquefois il atteint 98 degrés, c’est-à-dire la dernière limite de la déshydratation de l’alcool sans le secours d’agents chimiques. Sans parvenir à ces degrés élevés, les appareils ordinaires occasionnent un déchet ou perte d’alcool, qui varie de quatre à huit pour cent. Dans la rectification, par le système Savalle, cette perte est insignifiante ou presque nulle.

Instrument de précision et de progrès, le système Savalle s’impose aujourd’hui partout où l’on sent le besoin de soutenir l’ardente concurrence qui pousse la distillerie dans les voies de la perfection. Supérieur à tout autre pour la rectification, les 3/6 du Midi trouveront dans l’emploi de cet appareil le moyen de se débarrasser des produits empyreumatiques qui en diminuent la valeur, les éthers, les acides organiques, l’alcool amylique et les huiles essentielles se séparant pendant l’opération. C’est à cette condition seulement que les esprits-de-vin pourront reconquérir leur ancienne renommée, servir au vinage des vins fins qui exigent des alcools d’une pureté parfaite et rendre au commerce de bons services qui leur assureront un écoulement facile à des prix rémunérateurs.

La distillerie industrielle est trop attentive au moindre mouvement de progrès, pour ne pas généraliser l’emploi des appareils Savalle, usités dans tous les grands établissements de France, de Belgique, d’Allemagne, d’Espagne et des colonies. On peut considérer son application comme un des meilleurs moyens d’accroître la prospérité des distilleries et de maintenir la France au premier rang des nations par la supériorité de ses produits spiritueux.

Nous ajouterons que « soixante appareils Savalle » ont été vendus depuis l’ouverture de l’Exposition universelle (1867). Les distillateurs comprennent bien leurs intérêts en mettant à la réforme l’ancien matériel, qui ne permet plus de soutenir la concurrence.



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