Locomobile par MM. Albaret et Cie

Paris 1867 - Innovations (techniques, transport ...)
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worldfairs
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Locomobile par MM. Albaret et Cie

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Texte et illustrations de "Les merveilles de l'Exposition de Universelle de 1867"

La mécanique est aujourd’hui la reine du monde. Le développement, l'épanouissement merveilleux que lui a fait atteindre la vapeur constituent la plus grande de toutes les révolutions par lesquelles a passé le monde.

L’un des plus grands événements des temps modernes, de tous les temps, n’est-ce pas la création des chemins de fer et des télégraphes? N’est-ce pas de l’échange constant, rapide, inouï naguère, des communications de toutes sortes, commerciales, intellectuelles, morales, que sort cette Europe nouvelle qui ressemble si peu à ce qu'elle a été? N’est-ce pas aussi de ces mille et mille moyens de production, de création dont l’homme dispose aujourd'hui pour satisfaire à ses besoins et pour s’en créer de nouveaux? Non, l'on peut dire que dans ce siècle la puissance de l’homme n’a pas de bornes. Il veut échanger sa pensée avec un de ses semblables qui est à 4000 lieues de lui : c’est fait en un instant. Il veut être dans huit jours à Constantinople, il y est par mer ou par terre. Il veut joindre la mer Rouge et la Méditerranée, cela se fait. Il veut percer les Alpes, ce sera bientôt accompli. Il transporte les montagnes et déplace les mers.

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A côté de ces travaux de Titan (de Titan qui ne craint pas la foudre, puisqu’il la manie en se jouant), que d’œuvres étonnantes l’homme accomplit tous les jours ! Que de machines ingénieuses de toutes sortes, qui travaillent, dociles et sûres, avec une perfection à laquelle la main humaine ne saurait atteindre! Machines agricoles, laboureuses, faneuses, batteuses, etc., machines industrielles, qui filent, qui trament, qui tissent, par elles tout peut se faire à la vapeur. En présence d’un fait aussi général, aussi caractéristique de notre temps, aussi important dans l’histoire du monde, on ne sera pas surpris que nous nous écartions un moment de nos études favorites, que nous quittions pendant quelques instants le domaine de l’art industriel dans lequel nous avons dû en principe nous renfermer, pour jeter les yeux sur l’un des plus remarquables et précieux appareils à vapeur qui aient figuré à l Exposition.

La grande place que tenaient à l’Exposition universelle la mécanique et les machines nous absoudra d’ailleurs suffisamment. Ce n’étaient partout, dans la plus vaste galerie, que bras de leviers énormes qui soulevaient des poids effroyables, que tiges immenses qui sortaient et rentraient comme de grands bras, que pilons formidables qui s’abattaient sur l’acier et l’écrasaient comme du carton, que volants qui tournaient avec une
rapidité vertigineuse, que contre-poids qui se mouvaient avec aisance; ce n'étaient que pistons, poulies et chaînes; et tout cela travaillait, glissait, tirait, poussait, tournait, frappait, soulevait, sifflait et soufflait comme des damnés dans un enfer. C’était l’œuvre de fer qui s’accomplissait pour le service des hommes.

Au milieu de ce splendide chaos, nous avons remarqué les machines de MM. Albaret et Cie, dont nous avons déjà parlé. Nous revenons aujourd’hui à eux pour leurs locomobiles qui, destinées aux exploitations d’une certaine importance, peuvent aussi s’appliquer aux divers besoins de l’industrie. Locomobiles de 8, 10, 12 et 15 chevaux sont à détente variable à la main pendant la marche. L’expansion peut commencer au dixième de la course du piston. Comme dans les machines fixes, une aiguille mobile, en rapport direct avec les changements du tiroir de détente, indique sur une échelle graduée les longueurs diverses d’introduction de vapeur dans le cylindre. On peut ainsi varier la puissance de la machine, et l’on obtient un travail relativement très-économique en vapeur et par suite en combustible.

Le mécanisme est complètement monté sur une plaque en fonte. Cette plaque est reliée d’un bout à la chaudière par des boulons ajustés à force dans la boite à fumée, et de l’autre par un boulon à rainure fixé sur la partie cylindrique de la chaudière. Cette disposition laisse la dilatation de la chaudière complètement libre, et le mécanisme ne peut ainsi être forcé.

MM. Albaret construisent des locomobiles de 10 et 12 chevaux, à détente variable pendant la marche, au moyen de la coulisse Stephenson, disposition qui leur permet de fonctionner aussi bien en avant qu’en arrière. Les locomobiles de 15 chevaux font 115 tours par minute; celles de 12 chevaux, 110 tours; celles de 10 chevaux, 105 tours; et celles de 8 chevaux, 100 tours.



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