Glace en bois sculpté, style renaissance, par M. Buquet

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worldfairs
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Glace en bois sculpté, style renaissance, par M. Buquet

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Texte et illustrations de "Les merveilles de l'Exposition de Universelle de 1867"

L’un des plus anciens monuments de la fabrication du verre est un admirable gobelet gravé qui a été trouvé dans les ruines de Ninive, et qui doit remonter à sept cents ans avant J. C. Le célèbre et admirable vase Barberini ou Portland montre la perfection à laquelle était porté l’art du verrier à une période un peu plus récente. Mais ce n’est qu’après la conquête de l’Egypte par Rome que l’usage du verre devint général en Italie. Cette industrie fut très-développée sous Tibère, et le siècle de Constantin a laissé des pièces dont le travail atteste une connaissance approfondie des secrets du verrier. Cependant la vitre ne fut guère inventée que du temps de Lactance, ou de saint Jérôme (422), et le miroir non métallique est donc de création plus récente, car ce doit être évidemment l’une qui a amené la découverte de l’autre.

Venise a travaillé le verre et le cristal dès sa fondation (1204), et cette industrie, dit Carlo Marino, a été in ogni tempo considerata del governo, qual pupilla degli occhi suoi. La Renaissance améliora encore cette production sous le rapport du dessin et de la couleur ; ses miroirs, sa verrerie de table aux couleurs variées, aux tiges spiraliformes, ses flacons et ses coupes obtinrent une réputation universelle, ils furent recherchés dans toutes les parties du monde. A son déclin sa verrerie souffrit aussi, et la Bohême, la France, l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Angleterre perfectionnèrent leurs produits et trouvèrent de nouveaux procédés.

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On sait qu’en France, dès le quatorzième siècle, la profession de verrier était considérée par l’Etat comme assez importante pour que le gouvernement déclarât qu’elle n’avait rien d’incompatible avec la noblesse, et que les seuls gentilshommes pouvaient l’exercer. Cette mesure, qui fut en vigueur pendant quelques siècles, n’a sans doute pas été étrangère au progrès de la verrerie et de la cristallerie chez nous. Toujours est-il que les progrès de la science moderne, et l’abaissement des droits à l’exportation l’ont développée, plein épanouissement dont nous sommes témoins aujourd’hui.

La France fabrique maintenant des glaces qui, pour la dimension, la solidité, la pureté, l’incolorité, s’il est permis de s’exprimer ainsi, touchent à la perfection. Quoi de plus beau dans ce genre, en dehors de ces grandes "laces de quinze ou vingt pieds de haut, que nos miroirs biseautés, que nos glaces pour voitures : on dirait la lumière solidifiée, pétrifiée.

L’art de l’encadreur doit être né de l’art du fabricant de miroirs, si l’on en juge par le soin avec lequel étaient sertis les petits miroirs de Venise du seizième siècle ; citons pour exemple celui de Catherine de Médicis : ébène, fins bronzes dorés, cabochons divers, on entourait le miroir de ce que l’on trouvait de plus précieux. Dans tous les cas, de nos jours le cadre est devenu une partie essentielle de l'ameublement. On s’en aperçoit bien à la seule vue de celui que nous avons fait graver.

Il est en bois sculpté et d’un style Renaissance très-riche et très-heureux. La glace à biseaux est accompagnée de sous-glaces sur lesquelles se posent les rinceaux. Cette belle pièce a été conçue et exposée par M. Buquet (de Paris), qui fabrique les glaces avec cadres dorés et des miroirs de cristal du meilleur goût.



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