Les Vitraux symboliques de madame Céline Dominikowska

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worldfairs
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Les Vitraux symboliques de madame Céline Dominikowska

Message par worldfairs »

Texte de "L'Exposition Universelle de 1867 Illustrée"

vitrauxdominikowska.jpg

L’Exposition universelle aurait dû contenir une section de plus, dans laquelle auraient été groupés certains travaux difficiles à classer, parce qu’ils sortent de tous les genres connus ou définis. Dans cette section spéciale les œuvres de patience, certaines curiosités de main-d’œuvre, certaines exceptions intéressantes du travail humain auraient trouvé leur place naturelle, et je suis sûr que cette nouvelle section aurait excité autant de curiosité que de sympathie.

J’y aurais vu figurer avec plaisir un grand tableau de M. Pedro Nin y Gonzalès, citoyen de Vénézuela, tableau fait tout entier à la plume ; les marqueteries de marbre de M. le baron Triqueti, un travail de patience en bois découpé, exposé dans la grande Galerie des machines, enfin les vitraux symboliques de Mme Céline Dominikowska.

Que sont en effet ces vitraux? à quelle classe peuvent-ils appartenir? à quel genre ? A aucun.
Mme Céline Dominikowska n’est elle-même ni artiste, dans le sens restreint du mot, ni sulpteur, ni peintre, ni graveur ; toutefois, son œuvre mérite d’attirer les regards du public et j’aurais voulu la voir à sa place dans une partie spéciale de l’Exposition.

Mme Dominikowska, Polonaise d’origine, habite une contrée montagneuse dans la Gallicie autrichienne; c’est pour occuper de longues heures de solitude qu’elle a consacré près de deux années au travail ingénieux que représente notre gravure; la scie et le burin ont été ses seuls outils, et ce n’est que grâce au temps, grâce aux soins les plus minutieux , à la patience la plus persistante qu’elle est parvenue enfin à terminer ce chef-d’œuvre de fine ciselure.

La pensée qui a conduit la main de Mme Dominikowska n’est pas moins recommandable que l’ouvrage lui-même. L’artiste s’est inspirée de la vie de Jésus-Christ pour caractériser les principaux peuples de l’Europe, et certainement elle a choisi dans les textes sacrés ceux qui peuvent le mieux définir ces peuples.

L’œuvre entière se compose de six vitraux allégoriques. Les Allemands caractérisés par cette scène de la vie du Christ : Jésus âgé de douze ans, confond les philosophes et les sages dans le temple de Jérusalem. Cette scène est accompagnée du texte suivant: Et tous ceux qui l'entendaient étaient surpris de la sagesse de ses réponses. (Luc, ii, 47.)

La France est ainsi définie : « Celui qui me suit ne marche point dans les ténèbres. Je suis la lumière du monde.» Ces paroles du Christ accompagnent un tableau qui le représente interpellant les pharisiens devant le temple de Jérusalem.

Les Anglais sont définis dans le texte suivant: Quel est celui-ci qui commande au vent et aux flots? et ils lui obéissent. Ce tableau représente le Christ en mer apaisant la tempête.

Les Italiens : Le Christ remet les clefs à saint Pierre : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église. »

Les Hongrois sont moins heureusement définis. Quant aux Polonais, Mme Dominikowska les a représentés sous les traits du Christ au jardin des Oliviers, quand il prononce ces paroles si douces et si résignées : « Mon père, si ce calice ne peut passer sans que je le boive, que votre volonté soit faite. » Ces divers tableaux sont accompagnés d’armes et d’attributs caractéristiques, et sur chaque vitrail figurent les noms des grands hommes qui rassemblent en eux les traits les plus profonds de la nationalité qu’ils ont illustrée.



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