La majestueuse entrée de la Section persane, adroite reconstitution de l’architecte Delpy, reproduisait, réduit au tiers de sa grandeur, le portique des Prophylées de Xerxès à Persépolis. M. Goldzieher en donna, dans le discours qu’il prononça le jour de l’inauguration, la description détaillée : « Les deux portes latérales, soutenues par des taureaux androcéphales, sont d’une remarquable originalité. Sous la coloration chaude des caissons et de la frise, les taureaux, dont les Persans avaient fait l’emblème du pouvoir réalisateur, supportent l’entablement du portique, séparé du fût des colonnes par d’harmonieux campaniles qui surmontent des chapiteaux simulant des têtes de palmier, symbole du renouveau et de la force qui crée. »
A peine franchi cet imposant arc triomphal de massives pierres rosées, le visiteur apercevait l’intérieur, surélevé de quelques marches, du talar ou salon de réception. Une colonnade circulaire était au centre du salon; les colonnes à chapiteaux cubiques avaient à leur base le lion à une tête et à deux corps du type décorant le palais des Miroirs, à Ispahan; elles supportaient un dôme subdivisé à sa partie inférieure par des nervures à pendentifs avec revêtement de petits morceaux de glaces argentées ingénieusement agencés. Ce talar, garni de tapisseries, d’objets d’art et de meubles précieux, bien dignes des splendeurs du pays de Schéhérazade et d’Haroun-al-Raschid, était un spécimen de l’architecture dite « cristallisée », qui décore, dans la Perse moderne, les palais opulents.
Il y avait donc, pour le visiteur attentif et qui voulait interroger quelques-uns des indigènes complaisants et souvent instruits rencontrés dans la Section, matière à abondante érudition.
Armes, bijoux, faïences, broderies étaient là, en effet, en exemplaires remarquables, réveillant les souvenirs d’une antiquité qui eut, on le sait, pour prémices la civilisation élamite dont Suse fut la célèbre capitale. Ce fut, bien avant les Mèdes et les Perses, une civilisation arienne et non sémite, comme celle des Achéménides, des Cyrus, des Darius, des Xerxës. Certains bas-reliefs retrouvés dans ces fouilles récentes de Suse, auxquelles Mme Dieulafoy et M. de Morgan ont attaché glorieusement leurs noms, ne remontent-ils pas, au dire des archéologues, jusqu’à vers 3750 avant Jésus-Christ?
On ne peut énumérer ici les poteries, les étoffes qui faisaient l’admiration des visiteurs. Et que dire des tapis, des mille tapis, les très vieux et les tout récents, ceux que le temps et l’usage ont fanés et usés, tandis que leur valeur n’en croissait pas moins, et ceux qui réjouissaient l’œil par la fraîcheur éclatante de leurs couleurs savamment appariées.
On se montrait enfin telle pièce unique tout en soie, de sept mètres carrés de surface, dont la confection avait demandé six années de la vie de trois jeunes femmes de Chirâz.
©Livre d'Or de l'Exposition Bruxelles 1910