Vous voici tout de suite à l’entrée d’un monument considérable et d’aspect très moderne : sa création originale est due à l'initiative personnelle du maréchal Lyautey, qui est aussi un grand économiste. Ses vues sont d'une ampleur et d'une hauteur bien connues : il a voulu mettre à votre disposition, dès le début de votre visite, un bureau d’ordre et de centralisation, une table des matières et, si vous êtes homme d’affaires, un instrument de travail.
Le monument n'a pas l’aspect colonial : c'est que vous êtes d'abord un homme de la métropole. Mais dès que vous aurez pénétré sous les arcs métalliques et sous les verrières, vous serez tout de suite un homme introduit à la vie coloniale dans ce qu'elle a de plus pratique, c’est-à-dire, proche de votre curiosité et de vos intérêts.
Je vous ai dit que, faute d'espace, je ne pourrais être pour vous qu'un guide sentimental et qu’il me serait impossible de vous énumérer, dans ce petit volume, tout le détail de ce que contient l'Exposition coloniale. La cité des informations va, sur-le-champ, combler cette lacune matérielle. Sur ses 19.000 mètres carrés, vous allez trouver, tout d'abord, des renseignements généraux capables d’éclairer votre esprit, de donner un sens aux images si diversement nombreuses qui vont défiler devant vos yeux.
Voici tout d'abord les offices, de chaque côté du jardin. La frise en relief qui décore leur façade représente les principales scènes de la vie coloniale.
A l'intérieur, si vous êtes tant soit peu curieux, vous trouverez des cartes, des statistiques, des graphiques, des riches économiques que vous pourrez consulter a loisir, des brochures et des catalogues mettent ainsi à votre disposition Une documentation synthétique de leur effort colonial.
Quant à la section française, elle vous offre un inventaire général de nos colonies : économie, production, administration, travaux publics, navigation, colonisation, politique, mines, marchés commerciaux, transports, hygiène, vie sociale, enseignement. Des chefs de service, possédant une parfaite expérience de la colonie qu'ils représentent, vous donnent tous les renseignements d’ordre général ou pratique. Un cabinet de travail et une bibliothèque vous seront ouverts pour vous permettre de rédiger vos notes et vos ordres, d’établir à loisir vos comparaisons sur le papier.
Plus loin, ce sont les grandes Chambres de commerce et les grandes Associations qui multiplient les efforts pour développer, dans nos colonies, la production des matières premières nécessaires à notre industrie et à notre consommation. Le public est trop peu instruit des graves questions qui dominent son économie. Par des graphiques et des illustrations, le passé, le présent et les possibilités de notre production coloniale sont établis ici d’une manière frappante et mis à la portée de tous.
En face de ces études et de ces résultats, la France a convié les puissances à rapprocher, à confronter leurs principes de colonisation, leur politique indigène, leurs efforts et leurs succès. Comparaisons qui seront pour nous des leçons nécessaires et profitables.
Et maintenant, pénétrez dans le Grand Hall. Tout y a été préparé pour votre commodité. Vous avez ici la faculté de faire votre courrier et de le mettre à la poste, de télégraphier, de prendre un passage sur un navire quelconque ou un billet de chemin de fer. Vous pouvez toucher un chèque ou l'acheter, acquérir des timbres coloniaux, des médailles et des livres, organiser un voyage, suivre le cours des valeurs, écouter toutes les stations radiophoniques, téléphoner ; tout cela à l’endroit même où se tiendront périodiquement les grands congrès et les semaines coloniales.
Enfin, des planisphères situent à la surface du globe les vastes spectacles qui vous seront offerts ; un Journal lumineux vous donne les nouvelles relatives à l'Exposition et au mouvement colonial, complétant ainsi le stand de la Presse française et étrangère organisé par la Fédération des Journaux français.
Surtout, ne quittez pas la Cité ou l’Exposition sans passer par le cinéma. Non seulement il est gratuit et permanent, mais vous n’attendrez jamais : il contient 1.500 places.
Que vous dirai-je encore? Si vous êtes philatéliste, vous serez comblé. Médecin, vous aurez ^occasion de vous occuper de maladies encore inconnues dans nos contrées, mais dont il faut nous protéger. En résumé, quelle que soit votre carrière, votre profession, vous sortirez d’ici informé.
Un homme averti en vaut deux, disait-on. Aujourd'hui, un homme bien informé en vaut cent...
©Guide officiel - Exposition Coloniale Internationale - Paris 1931