Ce quartier qui occupait la plaine de Fragnée, n'était pas exclusivement compose d'attractions. Des installations, comme celles de la Société allemande Le Forage des Mines, les pavillons des Forêts et de la Chasse, du Nitrate de Soude, la Ferme démonstrative, les pavillons de l'Agriculture belge et celui des Sauveteurs de Belgique, y avaient été installés, par suite de l'insuffisance de place aux Vennes.
La plaine de Fragnée était séparée du Vieux-Liège par la Meuse, sur laquelle avait été jeté ce magnifique pont de Fragnée, 'qui peut 'être comparé au pont Alexandre, édifié à Paris pour l'Exposition de 1900. Les hauts pylônes surmontés de Renommées claironnant, les groupes décoratifs, le garde-fou doré lui donnaient un air majestueux.
Au débouché de ce pont, se massaient les imposantes et hautaines Arènes liégeoises; ses murs à balèvres savoureuses, ayant une délicieuse patine de vieillesse, les créneaux qui en dentelaient la partie supérieure, la tour qui la dominait contribuaient à l'évocation du temps féodal où vécut ce « Sanglier des Ardennes » et dont le poète Jules Sauvenière retraça les émouvantes aventures en un drame très bien conçu.
C'était en vue de la représentation de cette pièce historique que les Arènes liégeoises avaient été édifiées; quelques représentations, très brillantes et très réussies, eurent lieu; cependant, par suite de raisons diverses, ce drame disparut des affiches et les Arènes liégeoises virent, à l'abri de leurs murs revêches, s'installer un music-hall tout-à-fait moderne. Aux flancs du château féodal, s'incrustaient de nombreuses échoppes abritant des cafés populaires et des restaurants à bon marché.
En se dirigeant par le quai de Fragnée, que limitait d'une part la porte latérale des Arènes, vers la rue du Vieux-Mayeur, on remarquait l'intéressante exposition de travaux des élèves de l'Institution des Aveugles, et, à la descente de la rue susnommée, le pavillon carré des Sauveteurs de Belgique, flanqué de chaque côté d'un petit escalier et surmonté d'un perron.
Revenant alors sur ses pas, on pouvait jouir à son aise, avant de s'en aller vers les attractions, du prestigieux décor dont se revêtait la World's Fair.
La vue, tout d'abord arrêtée par un massif de roses s'étendant comme un tapis odorant sur la berge, embrassait ensuite le fleave où se découvrait une si jolie animation.
Ça et là, évoluaient, en se croisant, des canots automobiles, des bateaux à voiles, de petits yachts, des gondoles vénitiennes semblant faire une escorte allègre à un bateau-mouche déchirant l'eau verte et ourlant cette blessure d'une fine bordure d'écume blanche et bruissante.
Par delà, tremblait, toute lumineuse, la façade des grands halls à laquelle s'opposaient harmonieusement les massifs d'arbres jetés sur les rives du Jardin d'Acclimatation.
Ce décor était d'une beauté très prenante ; un petit vent frais et sain venant du fleuve y ajoutait son charme.
Faisant face au pont de Fragnée et auprès des Arènes liégeoises, un escalier offrait un accès prompt dans la plaine de Fragnée.
On contournait alors un étang fleuri de plantes d'eau et on se trouvait à même le charivari et le tohu-bohu amusant des attractions.
©Livre d'Or de l'Exposition Universelle de Liège 1905