Ce palais bénéficia d'un emplacement privilégié. Ses façades se dressaient à l'angle de l'esplanade d'honneur et de la chaussée bordant la Meuse. C'était une combinaison originale de volumes et de motifs architecturaux auxquels on a pu peut-être reprocher une trop grande variation.
La partie la plus marquante était la rotonde du restaurant dont la courbe gracieuse s'avançait vers le fleuve. De cet endroit, le consommateur jouissait d'une vue splendide sur l'Exposition. Il est à regretter que le « signal » - idée ingénieuse - ait un peu alourdi cet ensemble.
Le plan de distribution permettait une visite agréable et aisée du palais. Dès son entrée, le visiteur était conduit dans le grand hall. Après avoir parcouru les différents stands du rez-de-chaussée, il était amené insensiblement, par des rampes en pente douce, à l'étage où des sections intéressantes se trouvaient réunies.
Beaucoup d'artistes collaborèrent à la décoration de ce palais. L'entrée, en forme d'hémicycle, était égayée par une fresque charmante due au jeune peintre Saive. Les dioramas, les tableaux, les cartes illustrées du rez-de-chaussée furent exécutés par plusieurs de nos bons peintres : Ed. Scauflaire, E. Fabry, L. Janssens, L. Hock, Rets, Serveld, M. Jaspar, M. Defize, Morsa, P. Daxhelet, S. Hanssen, Lhomme, de Lince, Jamsin, Blancke, P. Michiels, F. Vetcour et Julemont.
A l'étage, une galerie très originalement agencée, nous montrait, du pont d'un paquebot, un panorama de la côte belge exécuté avec talent, dans une facture décorative bien moderne, par trois jeunes artistes : Claude Lyr, Jean Panzy et Paul Frognez. Nous devons encore citer les noms de Baest, Delbaere, Ghobert.
Pénétrant dans l'Exposition par l'entrée principale de Coronmeuse, le visiteur découvrait directement sur sa droite un palais à la fois coquet et imposant dénommé le Palais du Tourisme.
Dès qu'il en passait la porte, il se croyait à l'intérieur d'un grand palace et il lui semblait qu'un maître d'hôtel stylé et des chasseurs empressés allaient se précipiter vers lui. Une véritable atmosphère de voyage! Aux comptoirs, des employés accueillants étaient prêts à lui donner tous renseignements : un bureau d'agence de voyage, un service des postes, de télégraphe et des cabines téléphoniques étaient mis à sa disposition. Il trouvait là aussi une agence des Chemins de fer belges, des délégués du Touring Club et de l'Automobile Club de Belgique, un bureau de change, un service de guide et toute la documentation qu'il pouvait consulter à son aise.
C'était une véritable ruche au travail, car on y donnait des renseignements sur l'Exposition, sur la ville, les environs, les voyages à l'étranger, les spectacles, les fêtes, les manifestations sportives, les conditions de déplacement, de logement et d'entretien des groupes, etc.
Le visiteur attiré plus avant découvrait ensuite une grande salle dans laquelle, au moyen de fresques, dioramas et cartes lumineuses, nos meilleurs artistes avaient reproduit le mystère de nos grottes et de nos forêts, l'enchantement de nos paysages baignés par des rivières capricieuses. En outre, plus de trois cents reproductions photographiques rappelaient les sites pittoresques de Liège et de ses environs. Cet ensemble impressionnant avait été réalisé grâce à la collaboration de la Ville de Liège (Office communal de Tourisme) , de la Province (Fédération provinciale de Tourisme) et de l'Union des Syndicats d'Initiative de la Province de Liège. Ce fut un émerveillement pour le visiteur qui en emporta l'impression que jamais un effort pareil n'avait encore été fait pour mettre en valeur les beautés naturelles du pays. Une propagande aussi éloquente et présentée avec autant de sens artistique mériterait d'être poursuivie d'une façon permanente.
Dans le fond de la salle, après être passé devant une très belle participation de la Sabena, le visiteur était conduit par un plan incliné vers une galerie qui n'était autre que le pont promenade d'un paquebot, avec à l'horizon un vaste diorama du littoral belge baigné par les vagues de la mer du Nord. C'était le stand du Ministère des Communications.
On aboutissait ainsi dans le grand hall du premier étage où le visiteur pouvait se faire une idée complète de ce qui a été fait jusqu'à présent pour le tourisme de luxe, si l'on peut dire, et pour le tourisme populaire. Au centre, sur une grande carte de la Belgique, on voyait de minuscules bâtisses : c'étaient les auberges de la jeunesse, les homes de délassement, les auberges des amis de la nature. Ces institutions, nouvelles chez nous, ont une portée sociale considérable -. donner aux jeunes l'occasion de vivre une vie saine, dans la nature et à des conditions accessibles à tous, quelle que soit leur situation de fortune. Cette préoccupation de considérer l'aspect social du tourisme mérite de retenir l'attention, et les nouvelles dispositions légales assurant des congés payés à tous les travailleurs ne manqueront pas d'accroître l'importance de ce problème.
Le pourtour de la salle était garni de nombreux stands qui rivalisaient d'intérêt et de bon goût. La Société nationale des Chemins de fer belges avait pris comme thème : un siècle de progrès au service du tourisme et faisait ressortir l'effort qu'elle ne cesse de poursuivre en vue d'améliorer le confort, la rapidité et la sécurité des voyages. Les Chemins de fer vicinaux nous montraient leur rôle dans la vie touristique belge. On sait combien à la côte, dans les Ardennes, en Campine, dans le Brabant, ils ont contribué à la découverte de régions dont les beautés étaient ignorées. Citons encore les participations des provinces de Brabant, Hainaut et Namur, des administrations communales ou syndicats d'initiative de Comblain, Foy-Notre-Dame, Tongres et Tournai, et d'autres encore...
Et, en descendant, le visiteur trouvait sur sa gauche, une belle salle de cinéma où étaient projetés des films de propagande touristique lui permettant de prendre un contact encore plus intime avec les beautés naturelles et les trésors artistiques du pays.
© Rapport Général - Exposition Internationale de la Technique de l'Eau - Liège 1939