Retour - Liste Pavillons

Art Moderne - Expo Bruxelles 1935

Art Moderne à l'exposition de Expo Bruxelles 1935
© L'Epi
Architecte(s) : J. Van Neck

« Art Moderne » « Moderne Kunst ».

Ces mots posés au sommet d'un portique, se silhouettaient en blanc sur le ciel nuageux et changeant du Heysel.

Ils invitaient à visiter un vaste pavillon, abritant peinture, sculpture et gravure, ainsi que le « patio » d'architecture.

A quelques pas de l'entrée, la fontaine de George Minne, avec ses agenouillés pensifs, se présentait comme une introduction à l'Art Moderne, dont-elle est un des chefs-d'œuvre.

Dans les salles claires du pavillon se trouvaient des oeuvres d'artistes de quinze pays différents. Il se dégageait pourtant de l'ensemble un style commun qui arrive à son épanouissement. Ce style, M. Léo van Puyvelde, commissaire spécial des Beaux-Arts à l'Exposition, en analysait les caractères dominants dans une conférence qu'il fit dans cette exposition même : « L'art de nos jours, disait-il, tend essentiellement vers le rendu de l'expression de l'émotion esthétique. Il est personnel, franc, parfois jusqu'à la brutalité et chez certains d'une exquise naïveté. Il est parfois profond quand il s'adresse au coeur et à l'esprit et pas seulement aux sens. Il est vigoureux et sain. Pour les artistes belges les outrances des tendances révolutionnaires d'ailleurs ont été vite abandonnées : les meilleurs possèdent le sens de la mesure, la tradition du bon métier et le don de la couleur. Dans les formes du style, une évolution apparaît toujours quelque peu comme une révolution. Ne nous laissons pas rebuter dès l'abord par une conception de l'art qui s'écarte de celle à laquelle nous sommes habitués. L'artiste est un être plus sensible que nous, qui possède le don de traduire son émotion en formes plastiques et en couleurs. Nous devons faire humblement l'effort de le comprendre et non pas exiger qu'il se rabaisse jusqu'à nous. Cherchons à communier avec l'âme de l'artiste qui se livre dans son oeuvre.

"Si l'artiste s'évade aujourd'hui du réalisme cher au XIXme siècle, c'est parce qu'il a compris que l'œuvre d'art est avant tout une création et non pas une servile imitation de la nature. "

Pour le choix des œuvres destinées aux diverses sections, les organisateurs s'en étaient tenus à l'article 3 du règlement :
« Seront seules admises, les œuvres d'une haute valeur artistique qui témoignent d'un esprit créateur. Toute copie, ou contrefaçon du passé sera écartée. »

L'application de ce principe devait se heurter à certaines difficultés, et les admissions furent discutées avec âpreté, en ce qui concerne la Section belge, tout au moins; car chacune des quinze sections étrangères fut organisée par un Comité National, sous le contrôle d'un Commissaire Spécial. La vivacité de ces polémiques montra d'ailleurs l'intérêt que soulevait cette Exposition; et la présence de nombreuses toiles maîtresses des écoles européennes favorisa les plus fructueuses confrontations, celles-là que seuls permettent de longs et coûteux voyages.


La Section belge occupait six salles; la France et l'Algérie, cinq; les autres nations représentées se partageaient le reste des salonnets, alignés de part et d'autre d'une large allée centrale coupée de degrés, ornée des principales œuvres de sculpture. Au fond de l'Art Moderne, un salon était réservé à la Littérature; les écrivains de Belgique, français, flamands, wallons y montraient des livres, des manuscrits, des portraits — œuvres, la plupart, d'artistes connus. Enfin, sur la gauche, un « patio » dont les ailes étaient partagées en compartiments, abritait la section d'architecture : plans, photos et dessins.

© Le Livre d'Or de l'Exposition Universelle de Bruxelles 1935