A l'angle des avenues du Centenaire et de Bouchout, le Pavillon de la Ville de Paris, œuvre de l'architecte Montamal, dressait sa tour élancée, couronnée de la nef emblématique qui toujours flotte et ne sombre jamais. Elle s'inspirait de celle que Henry Favier forgea, en fer, pour le bureau du Conseil Municipal de Paris. Entourant l'édifice, des jardinets ornés de buis taillés, des plates-bandes aux fleurs rouges et bleues évoquaient les couleurs de la Ville Lumière.
La façade était décorée de six panneaux, de 8 mètres de haut sur 3 mètres de large, panneaux retraçant l'histoire monumentale de Paris, des Thermes de Julien aux édifices modernes, élevés sur l'emplacement des fortifications démolies; on y voyait tour à tour la Sainte Chapelle et le Roy Saint Louis, Louis XIV et la colonnade du Louvre, Napoléon, les Invalides et l'Arc de Triomphe. Sur le revers du pavillon un autre haut-relief évoquait le vaisseau des armes de Paris, entouré de symboles. Ces œuvres d'art étaient dues à MM. Vezien, Chauvel, Bouchard, Pommier, Jaumot, Bachelet, Poisson, Delamarre, Arnold Guéret...
L'entrée du salon d'honneur, commandée par sept portes en fer forgé, était ornée d'une vaste fresque évoquant, elle aussi, les aspects et les monuments de Paris, et exécutée par l'Atelier de Fresque de l'Ecole Municipale de dessin appliqué à l'industrie. L'Ecole Boulle, sous la direction de M. Marcel Chariot, avait décoré et meublé le salon d'honneur. Au centre une table de palissandre, en demi-cercle, sur laquelle reposait une coupe en bronze, ornée de cinq nefs ciselées. Au fond, un meuble massif, paré d'un large bouclier lumineux portant les armes de Paris, des guirlandes de fleurs de France et de houblon de Belgique; des appliques de vermeil évoquant le lion belge, le coq gaulois. Un groupe en bronze de Traverse représentant « Diane poursuivant Actéon », une grille de fer forgé d'où se détachait la nef parisienne et des pilastres supportant des vases lumineux complétaient la décoration de cet ensemble fort admiré.
Le hall voisin se divisait en six compartiments — un tantinet sévères pour ceux qui s'attendaient à ne voir représenté ici que le Paris de la vie luxueuse et facile; ils démontraient, au contraire, que la Ville Lumière se soucie de son rôle de capitale moderne, de ses devoirs envers ses habitants. Et l'on vit se succéder, figurés par des maquettes, des dioramas, des cartes lumineuses, l'aménagement de la région parisienne, la destruction des fortifications, la construction d'édifices à logements multiples, la création de parcs et de plaines de jeux sur les terrains rendus libres — aux abords des portes de Vincennes et d'Italie, entre autres; l'approvisionnement, la sécurité de Paris — les Halles et la formation des Sapeurs-pompiers; la démolition des îlots insalubres — montrée par les abords de l'Hôtel de Ville, les vieux quartiers de Saint-Gervais et du Marais, où les amants du pittoresque s'affligèrent bien un peu de voir disparaître des logis incommodes, mais si caractéristiques; et le plan du Parc de Sceaux, ressurgi des ruines du passé; et la Cité Universitaire, amorce d'un avenir qu'on veut voir sourire, malgré tout; et les Parures de Paris, symbolisées par les jardins anciens, ceux illustres, des Tuileries et du Luxembourg; ceux nés d'hier, aux bords de la Seine, à l'ombre des tours célèbres de Notre-Dame et de Saint-Sévérin... Le Zoo de Vincennes, objet de la curiosité amusée de la plupart des visiteurs; et même les plans de l'Exposition de 1937.
Au centre, des vitrines enfermaient les travaux des élèves des Ecoles professionnelles, objets de toilette d'un goût délicat; un grand diorama, tout au fond, évoquait par une attention à laquelle tous les Belges furent très sensibles la visite du Roi Léopold II et de la Reine Marie-Henriette à la Cour des Tuileries, lors de l'Exposition Universelle de 1867; on y reconnaissait 1 e s Souverains Belges, l'Impératice Eugénie, la Comtesse de Mérode, la Princesse d'Essling, la Comtesse de Bassano, le Baron Haussmann... C'était encore une page de l'histoire de Paris que ce rappel de l'amitié franco-belge.
L'architecte s'était efforcé, à l'extérieur comme à l'intérieur, d'atteindre à la plus grande simplicité de lignes. La tour était, sur toute sa hauteur, éclairée par des rainures lumineuses; de puissants projecteurs dégageaient la nef, la façade et le vaisseau d'argent, qui semblait voguer à la cime des arbres.
© Le Livre d'Or de l'Exposition Universelle de Bruxelles 1935