La façade que le Pérou s’est construite sur la rue intérieure parallèle à la rue des Nations a été très-remarquée et très-goûtée du public.
Spécimen du style inca le plus pur, elle a été construite, d’après les éléments rapportés du pays, où il était en mission en 1876 et 1877, par M. Charles Wiener, et sous sa direction. Elle se compose de portiques empruntés au palais des Incas de Huanaco-Viejo, d’un aspect vraiment imposant, ornés de bas-reliefs trouvés dans les ruines de Tia-Huanaco. Cette façade donne, en vérité, une idée très-grande de l’architecture et de la civilisation des Incas, et fait particulièrement honneur au savant voyageur qui en a fourni les éléments.
LES MANNEQUINS.
De chaque côté de la porte principale, dans une espèce de large niche, sont exposés de curieux mannequins revêtus de deux costumes différents de dames péruviennes , auxquels il ne manque rien, pas même l’éventail. Ces dames ont remplacé deux indigènes, en costume aussi, qui ont été transportés dans la galerie des arts libéraux de la France,
dans la collection des missions scientifiques, non loin de la curieuse fontaine monolithe colossale, rapportée également du Pérou par M. Wiener.
MM. Clovis Lamarre et Charles Wiener, dans leur livre : l’Amérique centrale et méridionale à l'Exposition de 1878, racontent comme il suit l’apparition et la disparition des deux indigènes ; le récit est trop amusant pour que nous en privions nos lecteurs :
« Dans la façade de l’exposition péruvienne, l’architecte avait destiné des niches à deux guerriers antiques qui, vêtus de costumes authentiques antérieurs à la conquête, auraient complété et rendu vivant l’ensemble à la fois véridique et pittoresque de cette façade.
« Aussi ces guerriers y furent-ils placés et gardèrent-ils le palais des Autochtones du 30 avril au 15 mai 1878. Ce jour, à six heures du matin, ils quittèrent leurs postes d’honneur et se rendirent dans la salle française des missions scientifiques.
« Ce changement d’emploi a une raison ethnographique et, comme ce phénomène s’est produit au milieu de nous, il est d’autant plus curieux.
« Les nombreux membres de la colonie péruvienne à Paris se révoltèrent à l’aspect des deux guerriers, et réclamèrent auprès de l’honorable ministre du Pérou, M. J. M. de Goyeneche.
« Ils déclarèrent que l’Europe pourrait soupçonner le Pérou d’être habité par des gens pittoresques comme ces gardes, pendant qu’il était notoire que toute la bonne société s’y faisait habiller par Alfred Godchau et la belle Jardinière.
« Aucune raison ne prévalut ; ni l’avis scientifique de l’auteur de la façade, ni le raisonnement artistique de l’architecte, ni l’opinion favorable des autres membres de la Commission.
« M. de Goyeneche dut céder devant l’ardeur et l’insistance du patriotisme sud-américain. »
L’enseignement péruvien n’est pas représenté ; la librairie et l’imprimerie ont envoyé des ouvrages divers de science et de littérature.
La parfumerie est représentée naturellement par le coca du Pérou ;
La maroquinerie, la tabletterie et la vannerie exposent de jolis objets en filigrane, des tables en marqueterie ou incrustations d’ivoire.
Les vêtements en laine de vigogne, des chapeaux de paille de catacoos et des gants de soie et d’alpaga sont les principales curiosités de la classe du vêtement.
Les produits pharmaceutiques et alimentaires n’offrent pas un grand attrait ; le président de la république du Pérou a exposé des échantillons de sucre.
Notons enfin des spécimens de guano, qui est, on le sait, une des principales sources de revenu du pays.
©Les Merveilles de l'Exposition de 1878