De toutes les expositions qui se tenaient sous le non Expo’92 – XVème siècle, Navigation, Nature, Environnement, Energie, Télécommunications, Univers et Découvertes – ce dernier pavillon des Découvertes était le seul à ne pas être monographique, il présentait une synthèse du pouvoir créateur de l’humanité au cours de ces cinq derniers siècles. Un des messages les plus frappants de ce pavillon était, sans aucun doute, une conception relativiste du progrès ou mieux encore une méfiance envers les simples défis technologiques.
Après tant de succès dans le domaine de l’espace, du temps, de la nature, dans l’utilisation des nouvelles énergies et de nouveaux matériaux pour la communication entre les hommes et la prolifération massive de nouveau produits, on nous mettait en garde dans ce pavillon sur la régression de l’Humanité à un état parfois proche de la sauvagerie. Le pavillon des Découvertes était ainsi plongé dans une inquiétude au sujet des fins et moyens.
Bien entendu, la conception de ce pavillon, qui partait de la conscience de l’unité de l’Humanité proclamée par Bartolomé de Las Casas et terminait sur une idée de solidarité qui commençait par des caravelles et aboutissait à des spoutniks, était un appel à l’Humanisme intégral, au besoin de mettre les ressources technologiques au service d’un progrès compatible avec un ordre économique plus juste. On nous mettait en garde, donc, sur le manque de sureté des procédés industriels, des rapports de domination, de la manipulation des moyens massifs de communication, et l’on mettait l’accent sur l’inquiétude pour la préservation de cette maison fragile qu’est la terre, notre planète bleue.
Tous ces messages apparaissaient, assurément, très clairement dans les expositions sur la Nature, l’Environnement, l’Univers, l’Energie. Le visiteur percevait, ainsi, dans ces autres pavillons l’esprit qui imprègne et qui était très explicite dans ce pavillon de synthèse. L’incendie a fait que cette exposition ne soit plus possible. La consomption en si peu d’heures de tant de travail et de tant de temps, la conversion en fumée de tant d’espoirs peut être pour le visiteur de Expo’92 une occasion pour la réflexion même qui surgissait du discours même de l’exposition. Ce qui était fortuit, ce que l’on ne pouvait pas prévoir, ce que l’on ne pouvait pas contrôler faisait aussi partie de notre histoire. C’était un appel à la méfiance envers l’optimisme aveugle.
© Guide Officiel Expo’92