Le projet d'une exposition universelle voit le jour suite à une idée lancée par le Cercle Libéral du Commerce liégeois en 1897, pour célébrer le 75e anniversaire de l’indépendance de la Belgique.
Cinq sites (le parc de la Citadelle, les plaines de Droixhe et des Vennes, les plateaux de Cointe et de Belleflamme) ont été examinés tant du point de vue des infrastructures à y réaliser pour l’Exposition de 1905 que de l’urbanisation future.
Le site finalement retenu est constitué de terres alluvionnaires souvent inondées, couvertes d’osiers et séparées du quartier liégeois de Fétinne par le « Fourchu Fossé », large méandre de l’Ourthe, et de la commune d’Angleur par un autre bras déjà canalisé.
La rectification de la rivière en aval à travers Outremeuse est terminée, la Dérivation a mis les terres de la Boverie à l’abri des crues, mais on a négligé la protection des terres d’amont. Le projet de déplacement du lit de la rivière ardennaise créerait un vaste champ d’exposition de 21 ha presque entièrement sur le territoire de Liège. à l’issue des festivités, la ville trouverait là une zone de développement. L’étude de la future urbanisation est l’œuvre de l’ingénieur communal des Travaux Albert Mahiels.
Dans le projet monté pour l’Exposition de 1905, la réalisation d’un double pont enjambant les cours d’eau Meuse et Ourthe est prévue. Le beau pont de Fragnée a ainsi désenclavé le site retenu, en le reliant aux boulevards percés par l’urbaniste Hubert Blonden, et procuré à la ville une voie de pénétration dégagée du bâti ancien.
De plus, l’emplacement préconisé pour le champ de foire permet un raccordement à moindre frais au réseau de la S.A. du Chemin de fer du Nord et de la Belgique (ligne de Paris). Le prolongement d’un kilomètre de la voie ferrée vers les Vennes a permis l’acheminement des matériaux nécessaires aux infrastructures et constructions du champ de foire : 48.000 wagons de marchandises ont ainsi été amenés entre 1901 et 1905.
La célébration du 75e anniversaire de l’indépendance de la Belgique ne doit pas occulter l’effort réalisé par les forces vives liégeoises pour démontrer leurs capacités inventives et laborieuses. La « fille de Meuse » peut ainsi prouver au monde que, sans être la capitale du pays, elle n’en tient pas moins le haut du pavé en matière industrielle.
Malgré une situation tendue sur le plan international, la majorité des 38 pays participants n’hésite guère à répondre par l’affirmative à l’appel des organisateurs : les uns à titre officiel, les autres par le biais d’exposants privés. Sur injonction royale, les diplomates belges en place tant à Pékin, Washington, Tokyo, Saint-Pétersbourg qu’à Londres ou Vienne ont en effet efficacement œuvré en faveur du projet liégeois. Rien, ni le contexte de crise peu rassurant, ni les antagonismes économiques et coloniaux, ne doit gâcher la Fête du Progrès.
Diplomatie oblige, tous les grands États devront cohabiter dans le hall des Vennes. Tandis que dix-sept pays se limitent modestement à un stand dans le hall, d’autres décident le plus souvent en fonction d’une volonté d’affirmation nationaliste d’ériger un pavillon spécifique. Les États émergeants cherchent ainsi une certaine reconnaissance hors frontières en édifiant des constructions qui affirment clairement leurs différences. C’est le cas pour la plupart des pays balkaniques : le Monténégro, participant pour la première fois à une manifestation de ce type, ou la Bulgarie, dont l’indépendance a été reconnue en 1877. Quant à la Serbie, l’État le plus prompt à rentrer son adhésion officielle, elle fait reproduire un monastère orthodoxe, symbolique de la fin du joug ottoman.
Acceptent également l’invitation dans de brefs délais, d’autres pays neufs : la Norvège, qui tient à marquer sa séparation de la Suède, et le Canada, qui souhaite afficher clairement son statut de premier « dominion » britannique. C’est à la Boverie que sont regroupés ces pavillons qui, par leur architecture typique, sont censés porter témoignage sur la scène internationale de la toute nouvelle autonomie de ces États.